RSE et développement durable : réduire le gaspillage alimentaire, une convergence d’intérêts [Le décryptage n°8 Essec/LSA] (2024)

Selon le WWF, environ 2,5 milliards de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année dans le monde, dont 50% dans les exploitations agricoles, 40% par les distributeurs ou consommateurs, et le reste durant le transport, le stockage, et la transformation. Ce gaspillage, causé par des facteurs comme la surproduction et les critères de calibrage, a des conséquences environnementales et économiques considérables. Il représente environ 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et consomme une quantité d'eau équivalente à trois fois le volume du Lac Léman chaque année. Ce phénomène nuit également à l'objectif de développement durable n°2, l'élimination de la faim dans le monde, et engendre des coûts élevés pour les distributeurs, les consommateurs et les états.

En France, face à cette problématique, les pouvoirs publics ont mis en place des mesures législatives, comme la loi Garot en 2016, interdisant la destruction d’aliments consommables dans les magasins de plus de 400 mètres carrés et favorisant le don à des associations. En 2020, la loi AGEC a fixé un objectif de réduction de 50% du gaspillage alimentaire d'ici 2025. Et en 2023, le "pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire" a été signé par divers acteurs de la chaîne alimentaire, présentant 16 dispositions pour réduire ce gaspillage.

Quant à la Grande distribution, elle a pris le sujet en main il y a un bon moment, parce que c’est un sujet d’intérêt général (émissions de GES inutiles, combat contre la faim) et parce que leurs P&L sont directement impactés par ce facteur... Le ratio Ebit/CA d’un retailer alimentaire varie globalement entre 2 et 5%. Quand on sait que la démarque (les produits achetés mais non vendus) pèse parfois plus de 1% du CA (voire 5 à 7% sur les fruits et légumes), on mesure l’intérêt économique des distributeurs à faire baisser ce taux. C’est pour cela que toutes les enseignes ont défini des objectifs très ambitieux de baisse du gaspillage alimentaire. Ahold, par exemple, a pour objectif de réduire de 50% d’ici 2030 le volume total de déchets alimentaires par rapport à 2016. Ils en étaient à -33% en 2022 (vs -17% en 2020).

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Les solutions les plus couramment mises en œuvre visent à améliorer la gestion des stocks et des commandes. Chez Carrefour par exemple, les directeurs de magasin disposent quotidiennement des informations sur le « Top 40 » de leur casse, adaptent alors les commandes et proposent des remises de 30 % à 60 % sur certains de ces produits à date courte.

Dans cette approche “promotionnelle”, les points de ventes équipés d’étiquettes électroniques peuvent agir rapidement et localement; Albert Heijn (groupe Ahold Delhaize) a démontré l’efficacité d’une telle technologie aux Pays Bas : plus la date de péremption est proche, plus le taux promo est élevé. Sans avoir à manipuler les produits.

Certains de ces produits peuvent également être réunis dans un meuble ou une tête de gondole dédiée, dans laquelle les consommateurs trouveront plusieurs références, par exemple des œufs en vrac, intacts, issus des boîtes abîmées ou salies. Dans le même esprit, Intermarché avait lancé son concept des « légumes moches » avec une campagne de publicité très remarquée il y a quelques années.

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En outre, les enseignes travaillent avec leurs fournisseurs pour optimiser les dates de consommation des produits et sensibilisent les consommateurs sur les façons de réduire le gaspillage, notamment par la congélation comme le fait Leclerc sur certaines MDD.

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Ensuite, la valorisation des invendus passe des partenariats avec des entreprises comme "Too Good to Go" ou Phénix, qui aident à redistribuer les produits invendus à des associations caritatives ou à les transformer en produits dérivés. Lorsque la donation ou la transformation ne sont pas possibles, les produits sont utilisés pour la production de biométhane ou pour l'alimentation animale.

En conclusion, le gaspillage alimentaire est un enjeu majeur qui nécessite des actions concertées des pouvoirs publics, des distributeurs et des consommateurs. Les initiatives récentes montrent un engagement croissant pour réduire ce gaspillage, optimiser les ressources et minimiser l'impact environnemental et économique de cette problématique globale. Les enseignes y ont intérêt à premier titre !

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